Il y a plusieurs raisons pour lesquelles une personne peut continuer à harceler une autre au travail malgré les conséquences négatives aussi bien pour les harceleurs que la personne harcelée que pour l’organisation tout entière. Que ce soit par le patron ou/et par les collègues, le harcèlement en continue est dangereux. Il peut avoir de graves impacts sur la vie de la victime. Voyons comment expliquer la poursuite de comportements harcelants au travail au travers de concepts de psychologie.
Les théories qui peuvent expliquer la poursuite du harcèlement : escalade d’engagement, biais de confirmation, ancrage et entêtement cognitif
Les théories de la psychologie que sont l’escalade d’engagement, le biais de confirmation, l’ancrage et l’entêtement cognitif sont toutes des concepts importants des sciences qui étudient les comportements et donc potentiellement le harcèlement au travail. Elles qui concernent la façon dont les individus perçoivent et traitent l’information. Voici une brève description de chacune de ces théories:
- Escalade d’engagement: L’escalade d’engagement est le processus par lequel une personne s’investit de plus en plus dans une situation ou une décision, malgré les signaux d’avertissement ou les indicateurs de doute ou de malaise.
- Biais de confirmation: Le biais de confirmation est la tendance des individus à rechercher, interpréter, mémoriser et rappeler des informations qui confortent leurs croyances, opinions et hypothèses existantes, plutôt que celles qui les remettent en question.
- Ancrage: L’ancrage est une stratégie cognitive consistant à s’appuyer sur une information donnée pour évaluer une question incertaine. Les personnes sont influencées par un point de référence initial, appelé ancre, qui peut orienter leur perception et leur estimation des valeurs ultérieures.
- Entêtement cognitif ou syndrome de la tête de mule: L’entêtement cognitif est la tendance à rester attaché à ses croyances, opinions ou hypothèses, même lorsque les preuves contraires sont présentes.
Qu’est-ce que l’escalade d’engagement en psychologie
L’escalade d’engagement est un concept en psychologie qui se réfère à la tendance des individus à poursuivre un comportement malgré des conséquences négatives ou des signaux d’avertissement. Cela peut se produire lorsqu’une personne a investi du temps, de l’énergie ou de l’argent dans un projet ou une activité et qu’elle se sent obligée de continuer malgré des obstacles ou des résultats défavorables. L’escalade d’engagement peut mener à des décisions irrationnelles et peut également entraîner un gaspillage de ressources et un stress émotionnel accru.
L’escalade d’engagement peut-elle amener à poursuivre des actes constitutifs de harcèlement au travail ?
L’escalade d’engagement est un phénomène où une personne continue à investir temps, énergie et ressources dans une situation, même si elle sait que cela peut être négatif pour elle. Dans le contexte du harcèlement au travail, une personne peut continuer à harceler une autre personne, car elle se sent investie dans la situation et croit qu’elle doit poursuivre ses actions pour obtenir le résultat désiré.
Cela peut également être motivé par un désir de ne pas perdre la face ou de sauver son propre ego.
Qu’est-ce que le biais de confirmation ?
La théorie du biais de confirmation explique que les individus peuvent avoir du mal à reconnaître leurs erreurs. Ce phénomène se produit lorsque nous sommes plus enclins à rechercher, interpréter, mémoriser et rappeler des informations qui confortent nos croyances, opinions et hypothèses existantes, plutôt que celles qui les remettent en question. Ce biais peut rendre difficile la reconnaissance de nos erreurs, car nous sommes souvent trop investis dans nos opinions et croyances pour les remettre en question de manière objective.
Impact du biais de confirmation sur le harcèlement au travail
Le biais de confirmation peut amener à poursuivre des actes constitutifs de harcèlement au travail en conduisant une personne à ne pas reconnaître ou à minimiser les comportements inappropriés et à justifier leur propre comportement ou celui d’autres personnes. Cela peut également rendre une personne plus réceptive aux excuses ou aux justifications pour ce type de comportement. Ce qui peut les amener à tolérer ou à ignorer des comportements qui sont en réalité harcelants et qui peuvent à la longue débouchés sur des violences psychologiques. Il est important de travailler pour surmonter ce biais et de prendre en compte les perspectives et les expériences des autres pour prévenir le harcèlement au travail.
La perception erronée d’un individu peut-elle servir d’ancrage en cas de harcèlement au travail ?
Si une personne a une perception erronée de la situation ou de la conduite d’une autre personne, cela peut influencer sa propre conduite et ses actions. Par exemple, si une personne perçoit une autre personne comme hostile ou manipulatrice, elle peut réagir de manière défensive ou agressive à son tour. Cela peut entraîner une escalade de la situation et renforcer la perception erronée initiale. Dans ce cas, l’ancrage peut conduire à un cercle vicieux de comportements hostiles comme du harcèlement et à un environnement de travail toxique.
Qu’est-ce que l’entêtement cognitif ?
Le syndrome de la tête de mule ou entêtement cognitif décrit un comportement où une personne persiste dans ses opinions, croyances ou actions, même lorsque cela est contraire à l’évidence ou aux conseils des autres. Cela peut être motivé par un désir de paraître compétent, un sentiment d’investissement personnel dans une situation, une méfiance envers les opinions des autres, ou un désir de ne pas admettre son erreur.
L’entêtement cognitif se produit lorsqu’une personne persiste dans ses croyances ou opinions malgré des preuves solides qui les contredisent. L’entêtement cognitif peut être influencé par des facteurs tels que :
- l’identification personnelle avec les opinions,
- la réputation personnelle,
- le désir de ne pas admettre son erreur,
- la méfiance envers les opinions des autres,
- l’aversion à l’incertitude.
Il peut avoir des conséquences négatives sur la prise de décision et la communication interpersonnelle.
L’entêtement cognitif peut-il amener un manager à prendre parti contre une personne victime de harcèlement au travail ?
Dans le contexte du harcèlement au travail, le syndrome de la tête de mule peut amener une personne à persister dans des comportements harcelants, même si elle est informée des conséquences négatives pour les autres ou pour elle-même.
Si le manager a des croyances qui sont en désaccord avec les accusations de harcèlement, il peut être tenté de faire preuve d’entêtement cognitif et de rejeter ces accusations, même si elles sont étayées par des preuves solides.
Cela peut également se produire si le manager a développé une relation étroite avec l’agresseur ou a des motivations personnelles ou professionnelles qui le poussent à défendre les actions de l’agresseur.
Il est important que les managers soient conscients de cet effet et se tiennent à l’écart de tout biais qui pourraient nuire à une enquête impartiale sur les accusations de harcèlement au travail. Les politiques et les procédures en matière de harcèlement doivent être mises en place pour garantir une enquête impartiale et équitable pour toutes les parties impliquées. La grille de Leymann peut également être d’une grande aide.
Conclusion
Ces théories montrent comment les croyances, opinions et hypothèses peuvent influencer la façon dont les individus perçoivent et traitent l’information. Elle démontre aussi comment ces influences peuvent entraîner des comportements persistants de harcèlement au travail par des harceleurs qui s’ignorent.