Avec le développement des nouvelles technologiques, le harcèlement qui consiste en des violences répétées qui peuvent être verbales, physiques ou psychologiques, dépasse la simple dimension du réel puisque désormais il est possible de harceler grâce à de nombreux moyens numériques comme Internet et de nombreux réseaux sociaux (Facebook par exemple) dans la sphère virtuelle. Les conséquences de ce type cyberharcèlement, c’est-à-dire un acte agressif, intentionnel et répétitif, perpétré à l’encontre d’une victime, à l’aide de moyens électroniques sont nombreuses et notamment présentes en milieu scolaire.

Le cyberharcèlement, un fléau qui s’amplifie

cyberharcelementCe phénomène de cyber-harcèlement en milieu scolaire tend à progresser. Si le harcèlement débute au sein de l’établissement scolaire, le harcèlement entre élèves se poursuit en dehors de l’enceinte des établissements scolaires. Il se pratique via les téléphones portables, messageries instantanées, forums, chats, jeux en ligne, courriers électroniques, réseaux sociaux, site de partage de photographies, globalement tout type de support numérique. Il peut prendre plusieurs formes : des intimidations, insultes, moquerie ou menaces en ligne, aux propagations de rumeurs et piratages de comptes, jusqu’à la publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture et au sexting ou sextage, c’est-à-dire l’envoi de messages et d’images sexuellement explicites au moyen d’un téléphone portable.

En effet en France, les chiffres parlent d’eux-mêmes. 40% des élèves disent avoir été victimes d’une agression ou méchanceté en ligne. Le moyen le plus fréquemment cité reste le texto ou SMS pour un élève sur cinq (20,3%), suivi d’appels téléphoniques méchants, humiliants, désagréables (13,9%), de l’usurpation d’identité (12,1%), de l’exclusion d’un groupe social en ligne (11,6%), de problèmes sur un chat ou messenger. Ainsi nous pouvons constater que ce sont les téléphones portables qui sont le moyen privilégié de l’agression. En ce qui concerne les réseaux sociaux, 4.8% des élèves interrogés disent être victimes. Le Happy Slapping reste minoritaire comme l’indique les chiffres de l’enquête nationale sur les victimes au sein des collèges publics et les travaux de C. Blaya.

Les conséquences du cyber-harcèlement

Ce cyberharcèlement a de nombreuses conséquences pour la victime et le harceleur et l’impact sur le climat scolaire sont aussi importants que dans une situation de harcèlement « classique ».

Victimes de cyberharcèlement

Pour la victime, le cyberharcèlement engendre un sentiment de détresse qui s’aggrave au fur et à mesure que le phénomène persiste. La souffrance morale est parfois difficile à saisir dans son intensité mais on sait que les conséquences les plus dramatiques peuvent pousser un jeune au suicide. Le cyberharcèlement conduit à plus d’introversion, à une perte de confiance en soi, à un sentiment de frustration ou de dépression.

Coupable de cyberharcèlement

Pour le harceleur adopter ce type de comportements sur le long terme peut entraîner des troubles comportementaux à un âge ultérieur. Le harceleur va probablement développer l’idée que les rapports de force malsain sont normaux, que ses actes n’ont pas de réel impact, n’aura pas d’empathie car il ne voit pas les souffrances de sa victime. La dépersonnalisation va faire en sorte que le harceleur va se déresponsabiliser de ses actes virtuels.

La lutte contre le cyberharcèlement

Afin de lutter contre ce phénomène de plus en plus présent de nombreuses institutions et associations mènent ce combat « anti cyberharcèlement ». En effet le ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse et de la vie associative a mis un plan d’actions afin de prévenir et de lutter contre le cyberharcèlement entre élèves, y compris lorsque celui-ci a lieu en dehors de l’enceinte des établissements scolaires. A cette fin, le ministère de l’Education nationale a souhaité formaliser un partenariat avec l’association e-Enfance. Cette association, reconnue d’utilité publique et agréée par l’Education nationale, a notamment pour mission l’éducation des enfants et des adolescents à une bonne pratique d’Internet, depuis sa création en 2005. A travers, son numéro national Net Ecoute 0800 200 000 – numéro gratuit – elle agit également dans le cadre du programme européen Safer Internet, pour un Internet plus sûr. C’est dans le cadre de ce programme européen qu’e-Enfance est en France en contact avec le réseau social Facebook depuis octobre 2010.

Cette association a vocation à offrir une sensibilisation à ce nouveau mode de harcèlement mais également à en permettre tant la prévention que le traitement.

Elle complète utilement le guide intitulé « Le harcèlement entre élèves : le reconnaitre, le prévenir, le traiter », mis en ligne sur le site ministériel www.education.gouv.fr

Cette association propose également aux directeurs d’école et aux chefs d’établissement concernés par un cas de cyberharcèlement des sessions pédagogiques à destination des élèves et des parents.

La prévention du cyberharcèlement

Par ailleurs en 2010, le Comité du CSEE a adopté un Plan d’action actualisé sur la prévention et la lutte contre la violence à l’école, proposant des actions concrètes à mettre en œuvre au niveau européen, national, régional, local et dans les établissements scolaires, afin d’endiguer la violence et le harcèlement sur le lieu de travail. Le CSEE s’engage non seulement à mettre un terme à ces deux fléaux sur le lieu de travail au travers de la prévention de la violence dans les institutions éducatives, mais également à lutter contre la violence de tiers et le cyberharcèlement, tout en veillant à sensibiliser aux conséquences qu’engendrent ces problématiques au sein de l’éducation. A cet égard, le CSEE a coordonné un projet consacré à la prévention du cyberharcèlement des enseignants, ainsi qu’un autre projet mené en collaboration avec la FEEE (Fédération européenne des employeurs de l’éducation) sur les moyens de prévenir et d’atténuer la violence de tiers dans les établissements scolaires.

Outre ces moyens préventifs de lutte contre le cyberharcèlement, lorsqu’il est déjà commis le cyberharcèlement est réprimé par la loi pénale. En effet le harcèlement sur internet est puni par la loi, même si les échanges à caractère harcelant sont privés (messages privés sur Facebook par exemple) et non publics. Les sanctions dépendent de l’âge du harceleur et de celui de la victime.

Si l’auteur du harcèlement est majeur, il risque une peine d’emprisonnement de deux ans et une amende de 30 000 euros. Si sa victime a moins de 15 ans, les sanctions pénales peuvent atteindre 3 ans de prison et une amende de 45 000 euros.

Si l’auteur du harcèlement est un mineur de plus de 13 ans et que sa victime a plus de 15 ans, il encourt un an d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende. Si sa victime a moins de 15 ans, la peine de prison est portée à 18 mois.

Si l’auteur du harcèlement est un mineur de moins de 13 ans, des sanctions de nature éducative peuvent être prises par le juge des enfants.

Dans les deux cas précédents (le harceleur est mineur), ce sont les parents qui sont responsables sur le plan civil. Ce seront eux qui devront indemniser la victime du harcèlement ou ses parents (si la victime est mineure).

Ainsi est menée une lutte active de manière préventive et répressive contre ce phénomène de plus en plus présent et qui tend à évoluer avec le développement perpétuel des nouvelles technologiques et des supports numériques.