Que peuvent faire les parents si leurs enfants sont victimes d’intimidation ou de harcèlement à l’école, sur les médias sociaux ou par le biais de textes? Quand l’intimidation ou le cyber harcèlement constituent-ils un crime?
Que devriez-vous faire si vous apprenez – ou si vous soupçonnez tout simplement – que d’autres enfants s’en prennent à votre enfant, que ce soit à l’école ou sur les médias sociaux? Notre site Web sur l’arrêt de l’intimidation est un bon point de départ, car il offre de nombreux conseils et ressources aux parents, notamment sur la façon de reconnaître les signes avant-coureurs de l’intimidation de votre enfant, de découvrir ce qui s’est réellement passé, de savoir quoi faire et où demander de l’aide.
Tout d’abord, il est important de reconnaître que l’intimidation peut avoir des effets graves et à long terme sur votre enfant, qu’il s’agisse de sauter l’école, de laisser tomber ses notes, d’anxiété ou de dépression. Pour éviter de risquer ces conséquences, les experts recommandent de ne pas ignorer le problème ou d’espérer que les enfants s’en sortiront entre eux. Plus vous agissez rapidement, plus vous avez de chances de renverser la situation.
Les chiffres du harcèlement scolaire
En France, un jeune sur dix est victime de harcèlement scolaire. Cela représente 700 000 élèves selon une enquête réalisée en 2015. Niveau scolaire, apparence physique, orientation sexuelle réelle ou supposée, handicap physique ou mental : de nombreux prétextes sont utilisés par les harceleurs pour brimer leurs camarades. Le harcèlement scolaire, puni par la loi depuis 2014 seulement, est particulièrement présent à l’école primaire (12% des écoliers sont touchés) et au collège (10%). Si ce phénomène est désormais aussi répandu dans les écoles françaises, c’est qu’il est souvent difficile à déceler, que ce soit par les équipes pédagogiques ou par les parents. Il convient donc de connaître le harcèlement scolaire pour parvenir à mieux le combattre.
Reconnaître le harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire, à cause de la loi du silence, est très difficile à déceler. Les victimes ne parlent que rarement, car elles ont honte ou peur des représailles. Les élèves qui observent le harcèlement ont souvent peur d’être mal vus s’ils dénoncent les faits à des adultes, ou craignent de devenir à leur tour la cible du harceleur. Certains, lorsqu’ils découvrent le harcèlement d’un élève, vont jusqu’à y prendre part pour s’attirer la sympathie du harceleur et espérer ne pas devenir une cible.
Faits constitutifs de harcèlement scolaire
L’intimidation peut prendre de nombreuses formes, notamment :
- cyberintimidation ou harcèlement sexuel (plus d’informations sur ceux ci-dessous)
- taquineries ou injures
- les coups ou toute autre forme d’agression physique
- les menaces
- endommager ou voler des biens
- exiger de l’argent
- répandre des rumeurs sur quelqu’un ou dire à d’autres élèves de ne pas être amis avec eux.
Tout comportement physique, verbal ou autre comportement agressif non désiré d’un élève (ou d’un groupe d’élèves) envers un autre enfant. Le comportement a déjà été répété ou est susceptible de se reproduire. En général, l’intimidateur a plus de pouvoir que la victime, parce qu’il est plus grand, plus âgé ou encore plus populaire.
Un mal-être attribué à d’autres causes
Pour les parents, ce n’est pas non plus évident d’identifier les signes du harcèlement scolaire, surtout à la période trouble de l’adolescence. Le mal-être de l’enfant pourra être attribué à une crise d’adolescence ou à un mal-être passager. Mais certains signes physiques et psychiques peuvent et doivent alerter l’attention des parents.
On peut citer les troubles du sommeil (insomnies, cauchemars, etc.), une irritabilité quotidienne, de l’agitation, de la susceptibilité voire un repli sur soi. Beaucoup de victimes de harcèlement scolaire développent des troubles liés à l’anxiété et/ou au stress comme des maux de ventre, de l’eczéma voire des crises d’angoisse.
Changement de comportement à l’école
Les parents comme l’équipe pédagogique peuvent également être interpellés par une baisse des performances scolaires, par exemple si l’élève est brimé à cause de ses bons résultats, ou s’il ne parvient plus à se concentrer en classe. Une multiplication des absences est souvent un signal d’alerte : l’élève fuit son harceleur, voit l’école comme un endroit où il n’est pas en sécurité. Les professeurs pourront eux déceler des troubles du comportement, comme des crises de colère, ou une attitude provocante (pour s’attirer la sympathie du harceleur ou car l’élève en veut à ses professeurs qui ne voient pas ce qu’il subit).
Créer un dialogue
Si plusieurs signes évocateurs ont été décelés par les parents ou l’équipe pédagogique, il faut en parler immédiatement à la direction de l’établissement. On ne peut pas attendre d’un élève qui subit tous les jours moqueries et insultes (voire des violences physiques) qu’il dise stop lui-même ou en parle à un adulte. Il est donc primordial d’avertir les professeurs et la direction. Si aucune initiative n’est prise ou si le problème perdure malgré tout, il faut persister et créer un dialogue qui fera cesser définitivement le harcèlement.
Les différentes formes de harcèlement scolaire
Si le harcèlement scolaire est si difficile à déceler, c’est qu’il peut prendre différentes formes et peut parfois être confondu avec des moqueries passagères, que la majorité des enfants subissent au cours de leur scolarité. Le harcèlement scolaire, lui, se caractérise par la répétition (la violence verbale et/ou physique est quotidienne, sur une longue période), le rapport de domination (prise de pouvoir d’un enfant sur un autre, acharnement d’un groupe contre un élève isolé, des plus âgés contre des plus jeunes) et l’intention de nuire (même si le harceleur prétexte c’est un « jeu », seulement « pour rigoler », il y a en fait une intention délibérée de nuire). Ce harcèlement quotidien peut prendre trois formes : physique, psychique et en ligne (cyber-harcèlement). Parfois, les trois formes sont utilisées.
Le harcèlement physique concerne 5,1% des élèves. Il se caractérise par des coups, des bagarres, le vol ou le racket, l’enfermement forcé, les gestes déplacés, etc. Le prétexte du jeu est souvent utilisé mais il doit tout de même alerter, car il participe à une logique de harcèlement qui peut avoir des conséquences durables pour la victime.
Le harcèlement psychique (aussi appelé moral) touche lui 8% des élèves. Il peut être verbal (insultes, menaces, rumeurs), émotionnel (humiliation, chantage, mise à l’écart) ou sexuel (provocations et allusions sexuelles verbales, menaces de violences sexuelles).
Le cyber-harcèlement peut se faire par téléphone portable (textos, MMS, applications de messagerie) et sur Internet (réseaux sociaux principalement). Les filles sont le plus souvent brimées sur Internet et les garçons par messages.
Le harcèlement en ligne peut prendre de multiples formes :
intimidations, insultes, rumeurs, partage de photos privées ou prises à l’insu de la victime. Les filles sont tout particulièrement victimes de « sexting », qui consiste pour le harceleur à envoyer des textes ou des images sexuellement explicites.
Le cyber-harcèlement est d’autant plus inquiétant qu’il est très souvent une prolongation du harcèlement moral subi à l’école : les insultes et menaces suivent la victime jusque chez elle.
Les conséquences du harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire, car il constitue une violence répétée et un isolement du reste du groupe, menace l’égo de la victime et donc sa construction personnelle. Puisque les violences sont répétées et imprévisibles, elles mettent la victime en état de stress chronique, dont il peut être très difficile de se débarrasser si le problème est décelé tardivement.
Plus globalement, les conséquences du harcèlement scolaire à court terme sont une perte de l’estime de soi, un désinvestissement scolaire, une baisse des résultats scolaires et l’absentéisme. Dans le cas d’un harcèlement physique, des lésions peuvent apparaître. Enfin, à court, moyen comme long terme, la victime peut développer des maladies psychosomatiques et entrer dans un état dépressif.
Le harcèlement scolaire, puisqu’il est subi durant l’enfance et/ou l’adolescence, menace la construction personnelle de l’enfant. Il va souvent se renfermer, s’isoler, développer une image négative de lui-même. Ce qui peut profondément et durablement influencer son caractère, son rapport aux autres et même ses décisions pour son avenir. Lorsque la confiance en soi est perdue à cet âge-là, elle peut être très difficile à retrouver. Mais ce sera plus facile si le harcèlement est décelé, puni et que la victime se sent libre de parler.
Les conséquences du harcèlement scolaire peuvent être encore plus terribles. Le psychologue Dan Olweus, spécialiste du harcèlement scolaire, estime qu’un adolescent harcelé à l’école a quatre fois plus de risques d’avoir des idées suicidaires qu’un autre jeune. On se souvient tous d’Emilie, qui s’est défenestrée à l’âge de 17 ans après avoir subi pendant des années un harcèlement de groupe dans son collège. Pour éviter que cela se reproduise, ses parents ont choisi de publier son journal intime dans lequel elle racontait son calvaire. Un récit poignant qui donne de nombreuses clés pour reconnaître et combattre le harcèlement scolaire, que l’on soit parent ou enseignant.
Il convient donc de connaître le harcèlement scolaire (ses caractéristiques, ses différentes formes, les signes à déceler chez la victime) pour parvenir à le combattre et enfin enrayer ce fléau. Parents, n’hésitez pas à ouvrir le dialogue avec votre enfant. Même s’il n’est pas victime, il a peut-être observé le harcèlement d’un autre élève mais n’ose pas en parler. Vous pourrez alors alerter l’équipe pédagogique sans que votre enfant subisse les conséquences d’une dénonciation. Enfin, si vous avez le moindre doute ou une question, contactez des organismes ou les pouvoirs publics compétents.