Il semble que le harcèlement moral au travail soit plus fréquent dans le secteur public que dans le privé. Voyons quels facteurs font qu’il pourrait y avoir plus de harceleurs parmi les fonctionnaires.
L’emploi à vie du fonctionnaire
Un fonctionnaire fait partie d’une administration. Cette administration est sous l’autorité d’un élu politique et de son cabinet. Donc l’autorité chapeautant les administrations et les fonctionnaires change régulièrement (à chaque élection) et peut aussi être d’une orientation politique différente.
Suite à une suspicion (légitime ?) envers le responsable politique d’être tenté de se débarrasser des fonctionnaires qui ne penseraient pas comme lui, le système de la nomination ou de l’emploi à vie des fonctionnaires à été créé. L’objectif louable était de mettre le fonctionnaire à l’abri.
Si le fonctionnaire est un harceleur …
La vision qui a amené à l’emploi à vie considère donc le fonctionnaire comme une victime potentielle. Mais ce statut le protège aussi quand il ne s’agit plus d’une victime mais d’une personne qui se rendrait coupable de fait de harcèlement ou de discrimination.
Les personnes harcelées savent à quel point il est compliqué de prouver le harcèlement. Le fonctionnaire harceleur qui sera souvent affilié à une organisation syndicale, sera défendu en justice par cette organisation. Et le temps que les procédure se passent, que les recours aient lieu, cela fait des années de souffrance pour la personne harcelée.
L’impunité du fonctionnaire harceleur
Pour illustrer à quel point un fonctionnaire peut harceler dans des limites très larges et que cela reste toléré, voici un exemple.
Il s’agit d’une personne dans une fonction de direction ayant participé à un processus de harcèlement. Bien que le niveau hiérarchique soit assez élevé, il apparait que cette personne correspond au profil défini dans l’article parlant de : Se faire harceler par un lâche et un idiot
Dans l’exemple, au harcèlement s’est ajouté de la discrimination liée aux problèmes de santé de la victime. La victime a subit une incapacité de travail de 45 jours. Elle occupait une fonction où elle aurait dû être remplacée. Ce qui n’a pas été le cas alors que la personne occupant la fonction de direction le savait parfaitement.
Le fait de ne pas la remplacer a permis de mettre en place une machination visant à son éviction.
Suite à une missive envoyé par un organisme gérant les questions de discrimination, voilà la réponse officielle de cette personne :
Sur les absences du personnel et son remplacement En matière d’incapacité de travail, comme le précisent les circulaires en la matière et la réglementation en vigueur. Le remplacement d’un membre du personnel est autorisé pour ….. Pour autant que l’absence atteigne le nombre de jours fixé par les instructions ministérielles. Il y a lieu, bien sûr, de respecter les dispositions en matière de litres de capacité. Dans le cas qui nous occupe, l’intéressé a été remplacé pendant la durée de son absence par une personne titulaire d’un ….. Le principe de continuité du service public s’applique bien sûr pour ….
Cette personne donc ment ostensiblement et il est très facile de le vérifier. Il n’y a pas eu de remplacement, a fortiori pendant la durée de l’absence et donc pas de continuité du service public. Pourtant, la personne qui harcèle n’en subit aucune conséquence.
Se sentant invincible, les actes de harcèlement ne pourront que s’amplifier.
Être victime de harcèlement quand on est fonctionnaire
Les travailleurs harcelés dans le secteur privé, s’ils en ont la possibilité, quittent leur emploi et vont chez un employeur où les problèmes de bien être au travail n’existent pas.
Par contre, un fonctionnaire a fait un choix de carrière qui l’empêche de changer d’employeur. Au mieux peut-il espérer une mutation, et encore elle lui sera accordée si son harceleur n’est pas pote pote avec ceux qui décident.
Donc quand vous êtes fans la fonction publique et que vous êtes harcelés, vous essayer de tenir autant que possible face au harcèlement et quand cela devient impossible, patatras, vous vous effondrez et c’est la maladie et le certificat médical.
Le pouvoir politique veut cacher le harcèlement
Le harcèlement moral au travail est un sujet tabou. Tout politicien ne veut pas se retrouver dans une situation où sous sa responsabilité des personnes sont victimes de harcèlement.
Donc en situation de harcèlement, trois options s’offre à lui ou elle :
- avoir du courage et prendre des mesures pour que cela cesse. Ce sera la voie rarement empruntée car alors il risque d’y avoir une publicité autour de la situation.
- minimiser les faits, mener la politique de l’autruche, bref faire comme si le harcèlement n’existait pas ! Une situation catastrophique pour la personne harcelée.
- se ranger du côté du harceleur pour éviter tout problème notamment politique. En effet, souvent un ou une directrice dans l’administration est politisée et intervenir c’est prendre un risque considérable d’instabilité dans les équilibres.