Dans  presque tous les cas de harcèlement moral au travail que nous avons rencontré, un invariant est à mettre en évidence :

A un moment où un autre, le système (les harceleurs, les employeurs, les conseillers en prévention, les inspecteurs du Service public fédéral de l’emploi ,… ) tend à faire croire que le harcelé est responsable de ce qui lui arrive.

Avez-vous déjà lu ou entendu des tordus justifier certains actes en disant que si une fille a une jupe trop courte, elle l’aura bien cherché si elle se fait violer !

Du statut de harcelé au statut de cible

A l’exception du harcelé, tous les intervenants ont intérêt à fermer les yeux sur le s situations de harcèlement. Nous avons vu que le conseiller externe en prévention ne va presque jamais conclure au harcèlement moral.

Pour ce faire, dans le rapport suite à la plainte formelle, le conseiller en prévention va devoir justifier sa position. Ce n’est pas toujours facile mais vous pouvez être sur que cela ne va pas être un obstacle.

Un mécanisme pervers se met alors en place, tout va être fait pour trouver des choses à reprocher à la personne qui subit du harcèlement. A cet effet, les témoignages des personnes mises en cause sont une source intarissable d’inspiration. Mais même quand il n’y a pas de témoignage, le conseiller en prévention garde de la ressource.

Voici quelques exemples de conclusions de plainte en harcèlement moral :

1-. « Il semblerait que depuis …. cette dernière (la victime) interprète les nouveaux faits à la lumière de son insatisfaction« .

2-. »Certains éléments laissent à penser que X (la victime) s’est inscrite dans un processus de victimisation occultant une certaine part de sa responsabilité par rapport à l’existence du conflit »

3-. « Nous avons un certain nombre d’indices que la relation entre les deux personnes était symétrique tout en tenant compte de la différence de statut hiérarchique entre elles. En effet, X (la victime) a multiplié les démarches (SIPP, Contrôle du bien-être, SEPP, syndicat, …, plainte motivée).

Les ressources des parties, enfin, traitent de l’inégalité des positions entre harceleur et harcelé. Dans cette perspective on considère qu’il y a harcèlement lorsque les deux parties ont une force inégale au sein du conflit, cette inégalité des positions pouvant être due ou non à un rapport de supériorité hiérarchique.

Chacune des parties a utilisé les moyens dont elle disposait, ses ressources pour répondre aux comportements de l’autre ressenti comme des attaques »

Ce passage revient à dire que si la victime se défend avec les moyens légaux et conseillés : SIPP (service interne de prévention et protection), SEPP (service externe de prévention et protection), syndicat et contrôle du bien-être, elle ne peut être considérée comme harcelée car il y aurait une soi-disant symétrie entre le harceleur et le harcelé !!!!

Harcelé ou procédurier ?

Le harcelé voyant toutes les portes se refermer les unes après les autres est contraint d’aller de démarches en démarches pour essayer de simplement avoir des conditions de travail normales.

Grâce à ce mécanisme d’une perversité rare, le harcelé devient en quelque sorte harceleur puisqu’il est contraint d’aller de plaintes en plaintes aux différents niveaux auxquels il peut s’adresser.

Cette situation le rend bien évidemment suspect auprès des gens qui reçoivent les nouvelles plaintes et elles peuvent alors très tranquillement laisser la personne dans sa souffrance.

Ce dernier phénomène rend aussi toute diffusion dans les médias improbable. En effet, quel média voudrait prendre le risque de publier l’histoire d’une personne qui a vu ses multiples plaintes ne pas aboutir. Son histoire cache surement quelque chose qu’il ne nous a pas dit !!!

Conclusions

Il est bien difficile de savoir si tous ces gens qui se rendent complice, au moins passifs de faits de harcèlement, agissent par incompétence, intérêt (rendre le conseiller en prévention du SEPP surpuissant peut rendre l’acte de corruption tentant) ou par simple lâcheté.
Une chose est sure : les harceleurs vont pouvoir continuer à sévir à leur aise !!!!