Le suicide sur le lieu de travail est un phénomène préoccupant. Le constat est interpellant : les suicides au travail ont augmenté dans de nombreux pays ces dernières années, ce qui témoigne de l’importance de prendre des mesures pour prévenir les risques psychosociaux au travail.

Le suicide sur le lieu de travail

Les suicides au travail peuvent être associés à plusieurs facteurs de risque, notamment :

  • Le stress lié au travail : Les travailleurs peuvent être soumis à des niveaux de stress élevés en raison d’une surcharge de travail, de pressions pour atteindre des objectifs, de conflits avec des collègues ou des supérieurs, de l’insécurité de l’emploi, de conditions de travail difficiles, etc.
  • Les troubles mentaux : Les travailleurs souffrant de troubles mentaux, tels que la dépression, l’anxiété, le trouble bipolaire ou le trouble de stress post-traumatique, peuvent être plus susceptibles de se suicider sur leur lieu de travail. Il faut souligner que les troubles mentaux peuvent découler d’une absence de gestion et de prévention des risques psychosociaux par l’employeur.
  • Les facteurs personnels : Les facteurs personnels, tels que les antécédents de traumatismes, les problèmes de santé mentale ou les difficultés financières, peuvent également augmenter le risque de suicide sur le lieu de travail.
  • Les facteurs organisationnels : Les facteurs organisationnels, tels que le harcèlement, la discrimination, les restructurations, les licenciements ou la culture d’entreprise, peuvent également avoir un impact sur le bien-être mental des travailleurs et augmenter le risque de suicides sur le lieu de travail.

Qu’est-ce que le karojisatsu ?

karojisatsuLe terme « karojisatsu » est un mot japonais qui signifie littéralement « suicide du travail« . Il fait référence à un phénomène où les travailleurs japonais se suicident en raison du stress et de la pression associés à leur travail.

Le karojisatsu est souvent associé à une culture du travail intense au Japon, où les travailleurs sont souvent appelés à travailler de longues heures et à faire preuve d’un dévouement extrême envers leur entreprise. Les pressions associées à ce mode de travail peuvent inclure des heures de travail excessives, des délais serrés, des responsabilités accrues, des conflits de travail, des harcèlements, des discriminations et des attentes irréalistes de la part des employeurs.

Le phénomène du karojisatsu est devenu une préoccupation majeure pour le gouvernement et les organisations de travail au Japon. Des enquêtes ont montré que le taux de suicide chez les travailleurs japonais est significativement plus élevé que dans d’autres pays développés, et que le stress lié au travail est un facteur important de ces suicides.

Les autorités japonaises ont pris des mesures pour tenter de remédier à cette situation, notamment en encourageant une culture du travail plus équilibrée et en introduisant des réglementations pour limiter les heures de travail et encourager les employeurs à prendre en compte la santé mentale de leurs employés. Les suicides au travail et le phénomène du karojisatsu reste un problème majeur pour la société japonaise. Cela montre l’importance de prendre en compte les risques psychosociaux associés au travail.

Le karojisatsu existe-t-il en Belgique ou en France ?

Le phénomène du karojisatsu est souvent associé à la culture de travail japonaise. Pourtant des situations similaires se produisent dans d’autres pays, y compris en Belgique et en France.

Selon une étude menée par l’Université de Gand en 2019, en Belgique environ 7 % des travailleurs belges ont déjà pensé à se suicider à cause de leur travail et 1 % ont déjà fait une tentative de suicide.

En France, on doit penser au karojisatsu lorsque des travailleurs sont soumis à des pressions extrêmes au travail et peuvent en arriver à se suicider. Le stress lié au travail est également un problème important en France, où les taux de dépression et d’anxiété liés au travail sont relativement élevés.

Ces phénomènes mettent en évidence les risques psychosociaux liés au travail dans les pays occidentaux, et l’importance de la prévention et de la gestion de ces risques pour protéger la santé mentale et le bien-être des travailleurs. Les entreprises et les gouvernements doivent prendre des mesures pour réduire le stress et les pressions liés au travail, et encourager une culture de travail saine et équilibrée.

Le suicide au travail, le cas France Telecom

Entre 2008 et 2009, 35 salariés de France Télécom se sont suicidés, dont certains sur leur lieu de travail. Ces suicides ont été associés à des conditions de travail difficiles, notamment des restructurations, des transferts forcés et des licenciements, ainsi qu’à une culture d’entreprise où les travailleurs étaient soumis à des niveaux de stress élevés et à des pressions pour atteindre des objectifs ambitieux.
On peut y voir des similitudes avec le phénomène du karojisatsu au Japon. Ces suicides ont été associés à des conditions de travail difficiles, notamment des restructurations, des transferts forcés et des licenciements, ainsi qu’à une culture d’entreprise où les travailleurs étaient soumis à des niveaux de stress élevés et à des pressions pour atteindre des objectifs ambitieux.

Les enquêtes menées après les suicides ont révélé que certains employés de France Télécom avaient été confrontés à des harcèlements, des discriminations et des intimidations de la part de leurs supérieurs, et que les conditions de travail étaient devenues insupportables pour certains d’entre eux.

Cependant, il convient de noter que le contexte économique, culturel et social de la France est différent de celui du Japon, et que les raisons sous-jacentes aux suicides à France Télécom peuvent être spécifiques à cette entreprise et à sa culture organisationnelle.

Malgré ces différences, les suicides à France Télécom ont mis en évidence l’importance de la prévention des risques psychosociaux au travail, ainsi que la nécessité d’assurer un environnement de travail sain et sécurisé pour les travailleurs. Les entreprises et les gouvernements doivent prendre des mesures pour prévenir les pressions excessives, les harcèlements et les discriminations sur le lieu de travail, ainsi que pour soutenir les travailleurs en cas de difficultés liées au travail.

suicide sur le lieu de travail

Que devrait faire un employeur pour éviter les suicides sur le lieu de travail ?

Pour éviter les suicides sur le lieu de travail, les employeurs peuvent prendre plusieurs mesures préventives. Voici quelques exemples :

  • Créer un environnement de travail sain : Les employeurs peuvent promouvoir un environnement de travail sain en veillant à ce que les travailleurs disposent des ressources et des outils dont ils ont besoin pour effectuer leur travail de manière efficace. Cela peut inclure des formations en gestion du stress, des pauses régulières, des horaires de travail flexibles et une communication ouverte.
  • Identifier et gérer les facteurs de risque : Les employeurs doivent être conscients des facteurs de risque qui peuvent affecter la santé mentale de leurs travailleurs, tels que le stress, le harcèlement et la discrimination. Ils peuvent mettre en place des mesures pour prévenir ces risques, comme des politiques de tolérance zéro pour le harcèlement et la discrimination, des canaux de communication pour signaler les problèmes de santé mentale et des programmes d’assistance aux employés.
  • Adopter une attitude juste envers chaque membre du personnel. Le favoritisme et les traitements préférentiels entrainent des blessures d’injustice qui peuvent avoir des conséquences terribles pour la victime.
  • Offrir des ressources pour la santé mentale : Les employeurs peuvent offrir des ressources pour la santé mentale, comme des programmes d’aide aux employés, des séances de thérapie ou de coaching en santé mentale et des groupes de soutien pour les travailleurs en difficulté.
  • Encourager la communication : Les employeurs peuvent encourager la communication ouverte et honnête entre les travailleurs et la direction, afin de faciliter la résolution des problèmes et de renforcer la confiance des travailleurs envers l’organisation.

Le travail peut tuer, le Karoshi

Malheureusement, il n’y a pas que le karojisatsu. De mauvaises conditions de travail peuvent aussi tuer. C’est ce que les japonais appellent le Karoshi.

Le karoshi est un terme japonais qui signifie littéralement « mort par excès de travail ». Il s’agit d’un phénomène où les travailleurs japonais meurent soudainement d’épuisement, de maladie cardiaque, d’accidents vasculaires cérébraux, ou de suicides liés au stress et à la pression excessive au travail. Le karoshi est souvent associé à une culture du travail intense et à des horaires de travail très longs au Japon, où les travailleurs sont souvent poussés à travailler des heures supplémentaires non rémunérées pour démontrer leur loyauté envers leur entreprise.

Le karoshi a été reconnu comme une cause de décès officielle au Japon dans les années 1980, et depuis lors, des mesures ont été mises en place pour limiter les heures de travail et promouvoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le phénomène du karoshi persiste toujours au Japon et reste un sujet de préoccupation pour les travailleurs et les autorités compétentes.

Conclusion

Il est important pour les employeurs de reconnaître l’impact potentiellement dévastateur des risques psychosociaux au travail et de prendre des mesures pour protéger la santé mentale de leurs travailleurs. En offrant un soutien adéquat et en promouvant un environnement de travail sain, les employeurs peuvent aider à prévenir les suicides sur le lieu de travail et à promouvoir un environnement de travail sain et équilibré pour tous.