C’est un phénomène bien connu. Dans le monde du travail, les femmes gagnent moins que leurs homologues masculins, occupent moins souvent des postes de haut management et sont parfois la cible de remarques déplacées dues à leur genre sans même parler du harcèlement sexuel au travail. En un mot, le sexisme reste bien présent dans le monde professionnel. C’est une forme de discrimination inacceptable.

Le sexisme au travail, définition

victimes sexismeLe sexisme dans le monde du travail se produit lorsqu’il y a une discrimination fondée sur le sexe ou le genre dans les conditions d’emploi, les possibilités de carrière, les salaires, les avantages sociaux et autres aspects du milieu de travail. Cela inclut des stéréotypes de genre qui limitent les opportunités des femmes ou des hommes dans certains domaines professionnels, des comportements sexistes tels que des remarques ou des gestes inappropriés, ainsi que des attitudes sexistes qui influencent les décisions d’embauche, les promotions ou les évaluations de performance.

Le sexisme prend de nombreuses formes subtiles et invisibles, telles que des discriminations indirectes ou systémiques, qui ne sont pas toujours facilement identifiables. Par exemple, les stéréotypes de genre influencent la perception des employeurs et des collègues quant à la capacité d’une personne à occuper certains postes, ce qui les amenent à les exclure de certaines opportunités ou à leur accorder des salaires moins élevés ou des avantages sociaux inférieurs.

Quelles sont les conséquences du sexisme en entreprise sur le personnel féminin ?

Le sexisme en entreprise a des conséquences très néfastes sur le personnel féminin. Voici quelques exemples de conséquences possibles :

  • Baisse de la motivation et de l’engagement : les femmes qui subissent du sexisme sont souvent découragées et désengagées de leur travail. Elles ont l’impression que leur travail n’est pas valorisé ou reconnu à sa juste valeur, et cela a un impact négatif sur leur motivation.
  • Diminution de l’estime de soi : le sexisme a des conséquences sur l’estime de soi des femmes. Elles se sentent rabaissées, maltraitées ou discriminées, ce qui affecte leur confiance en elles et leur bien-être mental.
  • Difficultés de progression de carrière : si les femmes sont victimes de sexisme en entreprise, cela entrave leur progression de carrière. Elles ont moins de possibilités de promotion, d’augmentations de salaire ou d’accès à des postes à responsabilité.
  • Risque de harcèlement : le sexisme en entreprise conduit parfois à du harcèlement sexuel, qui est une forme de violence sexiste. Les femmes qui subissent du sexisme sont plus susceptibles de subir du harcèlement sexuel, ce qui a souvent des conséquences très graves sur leur santé mentale et leur bien-être au travail.

Que devrait faire une femme qui s’estime victime de sexisme de la part de son employeur ?

Voici quelques conseils qui pourraient aider toute femme qui estime être victime de sexisme de la part de son employeur :

  • Parler à quelqu’un : Il est important de parler à quelqu’un de confiance, comme un ami, un membre de la famille ou un collègue de confiance. Cela peut aider à soulager le stress et la pression.
  • Consulter une ressource professionnelle : Si la situation est grave, il est souvent utile de consulter un professionnel tel qu’un avocat spécialisé en droit du travail ou un représentant syndical pour discuter de la situation et des options possibles.
  • Prendre des notes : Il est important de documenter tous les incidents de sexisme, y compris la date, l’heure, le lieu, les personnes impliquées et les détails de l’incident. Cette documentation peut être utile si des actions légales doivent être prises.
  • Discuter avec l’employeur : Si la situation ne sait pas être résolue de manière informelle, il est nécessaire de discuter de la question directement avec l’employeur. Il faut présenter des preuves et des exemples de comportements sexistes pour étayer les réclamations.
  • Rechercher un soutien externe : Il existe des organisations qui offrent du soutien et des ressources aux femmes qui subissent du sexisme en milieu de travail, comme les organisations de défense des droits des femmes ou les centres de conseil et d’assistance juridique.

Quels sont les moyens et procédures légales dont disposent les femmes victimes de sexisme en entreprise

En France, les femmes victimes de sexisme en entreprise disposent de plusieurs moyens et procédures légales pour faire valoir leurs droits. Voici quelques exemples :

  • La plainte auprès de l’employeur : Les femmes victimes de sexisme ont la possibilité de signaler la situation à leur employeur ou à leur supérieur hiérarchique. L’employeur a l’obligation de garantir la sécurité et la santé de tous les salariés et de prendre des mesures pour prévenir et sanctionner le sexisme en milieu de travail.
  • Saisir le conseil de prud’hommes : Les femmes victimes de sexisme peuvent également saisir le conseil de prud’hommes pour contester le sexisme et demander une compensation pour le préjudice subi. Cette procédure est gratuite et peut être engagée sans avocat.
  • La saisine de l’inspection du travail : Les femmes victimes de sexisme ont la possibilité de saisir l’inspection du travail pour signaler la situation. L’inspection du travail peut mener une enquête pour vérifier si les normes de sécurité et de santé au travail sont respectées.
  • Le recours aux associations et organisations spécialisées : Les femmes victimes de sexisme peuvent également bénéficier de l’expertise et de l’accompagnement d’associations et d’organisations spécialisées dans la lutte contre le sexisme en milieu de travail, comme le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), le Collectif féministe contre le viol (CFCV), ou encore les syndicats.

En Belgique, les femmes victimes de sexisme en entreprise disposent également de plusieurs moyens et procédures légales pour faire valoir leurs droits. Voici quelques exemples :

  • La plainte auprès de l’employeur : Tout comme en France, les femmes victimes de sexisme ont la possibilité de signaler la situation à leur employeur ou à leur supérieur hiérarchique. L’employeur a l’obligation de garantir un environnement de travail sûr et respectueux pour tous les salariés.
  • La saisine du tribunal du travail : Les femmes victimes de sexisme peuvent également saisir le tribunal du travail pour contester le sexisme et demander une compensation pour le préjudice subi. Cette procédure peut être engagée avec ou sans avocat.
  • Le recours aux organisations spécialisées : Les femmes victimes de sexisme ont la possibilité de bénéficier de l’expertise et de l’accompagnement d’associations et d’organisations spécialisées dans la lutte contre le sexisme en milieu de travail, comme l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes ou encore les syndicats.
  • La saisine du Centre pour l’égalité des chances : Les femmes victimes de sexisme peuvent également saisir le Centre pour l’égalité des chances, qui est chargé de lutter contre toutes les formes de discrimination, y compris le sexisme en milieu de travail. Le Centre peut mener des enquêtes et des actions en justice pour faire respecter les droits des victimes.

Le sexisme en quelques chiffres

L’écart salarial homme femme

Voilà un graphique pour les pays de l’UE, on remarque que la Belgique est bien plus proche d’une égalité que la France :

ecart salarial homme femme europe

Pour la France, selon les données de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) pour l’année 2020, le salaire moyen net des femmes en France était inférieur autour de 15% à celui des hommes, toutes catégories socioprofessionnelles confondues.

En termes de salaire horaire, l’écart est également important : en 2020, les femmes gagnaient en moyenne 14,7 % de moins que les hommes, pour une durée de travail hebdomadaire équivalente.

Ces chiffres sont confirmés par le rapport annuel sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes publié par le ministère du Travail, qui souligne que l’écart de salaire entre les femmes et les hommes en France est l’un des plus importants de l’Union européenne.

Cependant, il convient de noter que les écarts de salaires entre les sexes varient en fonction de l’âge, du secteur d’activité, de la catégorie socioprofessionnelle, du niveau de qualification, de l’ancienneté et de la localisation géographique. Les écarts sont également plus importants pour les femmes en situation de précarité ou de temps partiel.

Sources :

Insee, https://www.insee.fr/fr/statistiques/4514861
Ministère du Travail, « Rapport annuel sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes », édition 2022 : https://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_annuel_egapro_2021.pdf

Pour la Belgique, selon les données de l’Institut belge de statistique (Statbel) pour l’année 2020, l’écart de salaire moyen brut horaire entre les femmes et les hommes en Belgique est de 5 %. En d’autres termes, pour chaque euro gagné par un homme, une femme gagne en moyenne 0,95 euro.

Cependant, cet écart salarial varie en fonction de nombreux facteurs, tels que le secteur d’activité, le niveau de formation, le type de contrat de travail, l’ancienneté, la taille de l’entreprise et la région. En Belgique, les écarts salariaux les plus importants sont dus à l’âge.

ecart salarial homme femme par age

Le gouvernement belge a adopté une loi en 2012 visant à réduire l’écart salarial entre les sexes en encourageant la transparence salariale et en renforçant les sanctions en cas de discrimination salariale.

Source : Statbel – Écart salarial entre les sexes : https://statbel.fgov.be/fr/themes/conditions-de-vie/travail-remuneration/remuneration/ecart-salarial-entre-les-sexes  et https://www.ccecrb.fgov.be/dpics/fichiers/2022-02-15-01-50-51_CCE20220351RapportEcartsalarialentrehommesetfemmesversionsite.pdf

Proportion homme femme pour les postes de haut manager

Selon une enquête menée en 2021 par le bureau de recrutement Michael Page en Belgique, la proportion de femmes occupant des postes de haut management dans les entreprises belges est de 22,7 %. Cela signifie que seulement un peu plus d’un poste de direction sur cinq est occupé par une femme en Belgique.

L’enquête montre également que la proportion de femmes dans les postes de direction varie en fonction de la taille de l’entreprise. Les grandes entreprises sont plus susceptibles d’avoir des femmes à des postes de direction, tandis que les petites entreprises ont tendance à être plus masculines.

Ces chiffres sont confirmés par une autre enquête menée en 2021 par le réseau professionnel LinkedIn, qui indique que les femmes occupent environ 25 % des postes de direction en Belgique.

En ce qui concerne la France, selon une étude du cabinet Equileap (voir ci-dessous) la France est un bon élève, même si des progrès reste à faire pour arriver à l’équilibre. Selon cette étude qui attribue des scores, la France est le pays qui obtient les meilleurs résultats en matière d’égalité entre les femmes et les hommes. Le score moyen des entreprises françaises était de 55 % en 2023, contre 51 % en 2021 et 52 % en 2022. En comparaison, le score moyen est de 52 % au Royaume-Uni et de 49 % en Allemagne. Ce score est le reflet de ces chiffres :

  • Avec une moyenne de 46%, la France a le pourcentage le plus élevé de femmes dans les conseils d’administration des entreprises au niveau mondial. Par contre le pourcentage de femmes présidentes en France n’est que de 8 %.
  • Composition de l’équipe de Direction : le pourcentage de femmes n’y est que de 25 %. La proportion d’entreprises françaises qui atteignent l’équilibre entre les sexes à ce niveau n’est que de 15 %.

différences hommes femmes travail

 

Conclusion

Le sexisme dans le monde du travail nuit à la carrière et à la vie professionnelle des personnes concernées, et empêcher une égalité des chances et un traitement équitable pour tous les travailleurs, indépendamment de leur sexe ou de leur genre.

Le sexisme en entreprise a des conséquences très négatives sur les femmes, tant sur le plan professionnel que personnel. Il est donc crucial de prendre des mesures pour lutter contre le sexisme en entreprise et promouvoir l’égalité des genres.

L’étude du cabinet Equileap à consulter :