En 2016, plus de 10 000 cas d’affections psychiques ont été reconnus comme accidents du travail en France. Ce chiffre, en nette hausse, témoigne d’un véritable phénomène de société. Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, est le plus connu de ces troubles liés au mal-être au travail. Mais il faut aussi parler du bore-out, lié à une sous-charge de travail, et du brown-out, la perte de sens dans le travail.

Point commun à ces trois pathologies ? Elles n’handicapent pas que la vie professionnelle. Douleurs, insomnies, angoisses, troubles de la mémoire, voire dépression paralysent également la vie personnelle du salarié. Ces maux liés au monde de l’entreprise peinent à être reconnus, ce qui engendre souvent une souffrance supplémentaire. Mais quelques clés permettre de les reconnaître et de les gérer. On fait le point.

Le burn-out

Le burn-out, également appelé syndrome d’épuisement professionnel, apparaît lorsqu’il y a une surcharge importante de travail. Le salarié se retrouve en incapacité partielle ou totale d’accomplir son travail comme il le faisait auparavant. Un employé confronté au burn-out se sent vidé et incapable de se ressourcer. Il n’arrive pas non plus à décrocher de son travail le soir et les week-ends. Soit parce qu’il doit continuer à travailler sur son temps de repos, soit parce qu’il ne cesse de penser au travail à accomplir.

Cela se manifeste aussi physiquement, avec des migraines, une perte d’appétit ou des troubles digestifs, des douleurs ou une fatigue musculaire. Des troubles psychiques et émotionnels peuvent apparaître, comme un stress chronique, des angoisses, voire une dépression.

Le burn-out est d’autant plus difficile à diagnostiquer et soigner qu’il est souvent nié par la personne qui y est confrontée. Par exemple de peur d’être perçu comme quelqu’un de faible par ses supérieurs ou ses collègues. Pourtant, il est indispensable de demander de l’aide, autant dans l’entreprise (meilleure répartition du travail voire changement de poste) qu’à l’extérieur (consultation d’un médecin et d’un psychologue).

Burn-out : ce que dit la loi

Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, n’est pour l’heure pas inscrit au tableau des maladies professionnelles. En revanche, il peut être reconnu comme tel sur évaluation d’un comité régional.

Le bore-out

Le bore-out est l’exact contraire du burn-out. Il se produit lorsque le salarié est confronté à une sous-charge de travail ou qu’il est cantonné à des tâches rébarbatives. L’employé se sent désœuvré, ne tire aucun sentiment d’accomplissement de son travail. La personne, à juste titre, se sent sous-employée au niveau intellectuel ou par rapport à ses compétences. Cela conduit à un désengagement professionnel, qui se manifeste par un épuisement moral, voire une dépression. Des symptômes physiques similaires à ceux du burn-out peuvent apparaître : migraines, perte d’appétit, troubles digestifs, douleurs, fatigue musculaire, etc.

Le bore-out ne doit pas être pris à la légère, car cette souffrance psychologique peut endommager durablement l’estime de soi. Il convient donc d’engager une discussion avec la direction ou d’envisager une reconversion professionnelle. Un psychologue spécialiste du travail peut également aider le salarié souffrant d’un bore-out à rebondir.

Bore-out : ce que dit la loi

Actuellement, le bore-out ne bénéficie pas d’une définition médicale. Il n’est pas donc pas reconnu comme maladie professionnelle. Rappelons toutefois que la loi oblige l’employeur à respecter les tâches et les qualifications stipulées dans le contrat de travail. Si le bore-out est dû à une placardisation, des négociations avec l’employeur ou une action aux Prud’hommes peuvent mettre fin à cette sous-charge de travail.

Le brown-out

brownoutLe brown-out est la plus récente de trois pathologies liées au monde de l’entreprise. Elle est donc encore méconnue mais doit tout de même être prise au sérieux. Le brown-out se manifeste lorsque le salarié est confronté à une perte de sens et/ou d’utilité de son métier. Ce mal-être peut par exemple naître de l’absurdité des tâches confiées.

Dans la majorité des cas, un brown-out apparaît lorsqu’une personne qualifiée est employée à des tâches rébarbatives et dénuées de sens, en négation de ses compétences. Ou encore lorsque les valeurs du salarié ne sont pas en phase avec celles de l’entreprise. L’employé perd alors sa vigueur, son envie de travailler. Il est en quête de sens, d’une finalité à son travail. Les symptômes physiques et psychiques sont les mêmes que pour le burn-out et le bore-out. Le brown-out peut lui aussi conduire à la dépression.

Cette nouvelle pathologie est d’autant plus inquiétante qu’elle semble toucher une proportion importante des jeunes salariés. Les récentes études sur le monde du travail s’accordent toutes à dire que les millennials (nés entre 1980 et 2000) veulent donner du sens à leur travail.

On parle désormais de « bullshit jobs » (littéralement « jobs à la con »), c’est-à-dire des emplois dénués de sens, les plus à-même d’entraîner un bore-out.

Brown-out : ce que dit la loi

Dernier-né des pathologies psychiques liées au travail, le brown-out n’a pas encore de définition médicale officielle. Il n’est donc pas inscrit au tableau des maladies professionnelles. Les solutions qui peuvent être apportées par l’entreprise se résument donc à un changement de poste et à la formation.

Burn-out, bore-out, brown-out : que faire ?

Que vous souffriez d’un burn-out, d’un bore-out ou d’un brown-out, le premier réflexe à avoir est le même : consulter un médecin du travail, ou un spécialiste de la souffrance au travail.

Il pourra vous autoriser à vous arrêter, ce qui est souvent nécessaire. Ou encore vous proposer une alternative comme un mi-temps thérapeutique. Il vous accompagnera également dans votre réflexion et vos éventuelles négociations avec l’entreprise : faut-il changer de poste ? Envisager une reconversion ? Une formation ? Une création d’entreprise ?

Les médecins recommandent également de prendre du temps pour soi, afin de ne pas diriger toutes ses pensées vers sa vie professionnelle. Par exemple en pratiquant une activité sportive, en changeant d’alimentation ou en s’initiant à la méditation. Autant d’investissements en soi qui permettent de rebooster le moral et la confiance. Mais aussi d’apprendre à mieux se connaître et à se reconnecter à ses aspirations profondes.

Conclusion

Chaque employeur doit veiller au bien-être au travail de ses salariés. Dans le cadre des politiques de prévention des risques psychosociaux, il doit donc mettre en place des procédures qui évite que ces risques n’existent et qui en cas de survenance peuvent en minimiser la durée et l’impact.